31 mars 2017 : on quitte Lima à l’aube direction
Tortugas à 400 km au nord toujours sur la côte. L’idée est de faire étape
là-bas pour avoir des renseignements au plus près de ce qui apparaissait dans
les journaux comme la zone la plus sinistrée. Au final il y a pas mal de
villages sévèrement touchés par les huaycos bien avant Tortugas. A Huamey par
exemple, l’eau s’est en grande partie retirée, mais on peut imaginer la
puissance dévastatrice des vagues de boues qui sont passées avec les camions,
les petites maisons, les panneaux, etc, dans le lit de la rivière qui doit
faire à tout casser 10 m de large en temps normal. L’eau arrive à raz des ponts
ou plutôt des gués de fortunes. Ces gros tubes qui laissent passer l’eau avec
des plaques fixées dessus pour le trafic menacent de céder à la moindre petite
crue alors qu’il continue de pleuvoir régulièrement en altitude… La boue a
envahi quasiment toutes les rues et les places. C’est impressionnant. On ne se
voyait pas trop sortir l’appareil photo dans ce contexte donc les quelques
photos ne donnent qu’une petite idée des dégâts.
On arrive en fin de matinée dans la baie de Tortugas, petit
coin épargné et tranquille indiqué par une famille de français qui sont restés
coincés ici 2 semaines. Ils nous donnaient régulièrement les dernières infos
lorsque nous étions à Lima. Ils sont maintenant bloqués un peu plus au nord et
nous informent qu’ils font finalement demi-tour et mettent fin à leur voyage
faute de pouvoir aller plus loin… Nous ne voudrions vraiment pas en arriver
là ! On a un peu plus de temps devant
nous qu’ils n’en ont mais quand même.
On s’installe dans l’enceinte d’un hôtel qui domine la baie.
Au final, à part un peu de bouchons par endroit pour passer les ponts, on a
plutôt eu de la chance sur ce tronçon.
On reçoit un message des Cocabizz, connus à Cusco, et on se
rend compte qu’ils ne sont qu’à 40 km au Nord. Ils sont bloqués avec Philippe
et Aurore, une autre famille de français en CC (y’en a partout !!!) qu’on
avait croisé sur la Carretera Austral ! Quitte à attendre, autant le faire
ensemble. Du coup, tout le monde rapplique à Tortugas pour le plus grand
bonheur des enfants. Arrivent également Jean-Pierre et Céline la famille qui a
fait demi-tour. C’est l’occasion de faire un apéro géant au soleil couchant.
Le
lendemain c’est au tour de Céline et Gauthier de nous rejoindre.
Après une bonne journée d’école et loisirs, on n'a pas plus d'infos sur les conditions de circulation mais on prend la
route au petit matin tous ensemble en « convoi ».
Il y a quelques déviations et des circulations alternées
pour le passage de deux ponts temporaires ce qui occasionne des km de bouchons
pour les poids lourds. Du coup on fait comme d’autres voitures particulières locales
et on double les camions. A priori c’est normal puisque l’on croise la police à
plusieurs reprises et qu’ils ne disent rien.
On avance plutôt très bien au final. Arrive un 3e bouchon. Jamais 2 sans 3 on fait pareil, sauf que là on sent de l’agacement puis une vraie animosité de la part des chauffeurs PL.
Arrivés à la hauteur du
pont, celui-ci est fermé. Renseignements pris, on comprend a posteriori la
colère des PL car en fait cela fait pour certains 3 jours pleins qu’ils
attendent contrairement aux autres ponts où c’est long mais ça passe… La police
nous dit qu’ils ne savent pas du tout quand la circulation va reprendre.
La
nuit tombe donc on s’accorde pour passer la nuit sur place quand, à peine 5
minutes plus tard, des véhicules commencent à passer ! On ne sait pas
combien de temps le pont sera ouvert donc on saute dans les voitures/CC et on
reprend la route. C’est là qu’on se rend compte que ce n’est pas juste un pont
qu’ils essayent de maintenir en place mais plusieurs centaines de mètres de
route surélevée avec de l’eau de part et d’autre. À plusieurs reprises, on se
retrouve à l’arrêt et pas super à l’aise sur ces constructions précaires. Mais
ça finit par avancer. L’obstacle franchit, on se pose à la première occasion
sur le terrain d’un routier, vannés après plus de 15 heures de route.
Le lendemain rebelote, départ aux aurores car il faut qu’on
passe Piura, qui est a priori la ville la plus touchée.
Le désert sous l'eau... |
Ciudad Noe |
Arrivés sur Piura, au final, l’eau s’est retirée et à part
des routes défoncées qui finiront par arracher le parechoc arrière des Cocabizz,
la traversée est plutôt facile.
Un peu bizarre comme déviation. Tu passes SOUS le pont fissuré qui menace de céder... |
C’était le dernier obstacle et c’est donc en
début d’après-midi que l’on atteint la frontière avec l’Équateur !
On s’attendait à un périple beaucoup plus compliqué et bien
plus long. En outre, la conduite en convoi, qui aurait pu être pénible à la
longue s’est plutôt bien passée.
On quitte ainsi le Pérou à la fois égoïstement soulagés que
rien de grave ne nous soit arrivé mais aussi avec un goût d’inachevé et cette
question que l’on s’est évidemment posé de nombreuses fois : est-ce qu’on
aurait pu aider ?
Après avoir traversé les villes et villages touchés, on se
rend compte que tout ce qui pouvait être fait l’était déjà ou du moins organisé
par les autorités mais hélas, sans doute seulement de façon temporaire. Tant que
ce phénomène lié au réchauffement climatique perdure, ces zones et les populations
qui y habitent sont exposées au risque qu’une nouvelle coulée viennent détruire
ce qu’ils se seront efforcés de nettoyer et reconstruire. Ils sont donc plus ou
moins en standby et on n’aurait pas trop su où se mettre là-dedans avec notre
mode de voyage déjà pas mal précaire.
On
reviendra un jour, c’est sûr, pour continuer à découvrir ce superbe pays. Merci à Sylvie et Céline pour le partage des photos !
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