20- De Puerto Guadal à Puerto Aysen, Noël sur la Carretera Austral

18 décembre 2016 ; nous venons de quitter les magnifiques lodges Terra Luna de Philippe Reuter, et arrivons avec Michèle et Philippe à Puerto Rio Tranquillo à 40 km par la mythique Carretera Austral.
La piste est en bon état, et magnifique car elle longe le lac dont les bords sont en fleurs.





Nous aimerions faire une petite sortie sur le lac pour aller admirer les fameuses cathédrales de marbres.
Arrivés sur place, le lac est assez agité, et les officines de tourisme nous indiquent qu’elles ne peuvent pas sortir, le port est fermé à cause des vagues. Ce n’est pas un problème pour nous car nous pouvons attendre le lendemain mais Michèle et Philippe, eux n’auront pas le temps de revenir car ils repartent en Belgique le lendemain ; en même temps, ça arrange finalement bien Philippe qui y allait un peu à reculons car le bateau, qui plus est sur des eaux tourmentées ce n’est pas trop son truc ! Avant de se quitter, on va tout de même partager une bonne crêpe au chaud et à l’abri dans un des petits cafés du port, et boire une bière pour finir notre discussion de la veille. Ben se découvre plein de points communs avec Philippe, et c’est vraiment agréable de passer du temps avec un couple aussi sympathique.



En fin d’après-midi, nous nous saluons, Philippe et Michèle qui repartent vers Puerto Guadal, et nous trouvons un petit coin pour dormir pas trop loin en contrebas de la jolie route qui mène au Glaciar Exporadores. Mais vers minuit, une fois n’est pas coutume, on est réveillé par des rafales de vent qui soufflent contre la falaise juste à côté et reviennent vers la voiture. On va se cacher derrière 4 arbres bien robustes à une cinquantaine de mètres, pour finir la nuit.
Le lendemain, nous retentons notre chance à Puerto Rio Tranquillo où le vent s’est un peu calmé. 


Le capitaine du bateau nous dit que pour lui il n’y a pas de problème, mais qu’il doit appeler le responsable du port. Nous rencontrons sur place une famille française qui voyage en camping-car, Aurore et Philippe, et leurs enfants, Blanche, 7 ans, un mois d’écart avec Maïder, et Aubin, 10 ans, qui souhaitent également faire la sortie. Personne ne répond à la capitainerie du port, tant pis pour leur avis, le capitaine nous emmène aux bateaux. Mais c’est sans compter que le responsable d’une des officines concurrentes qui nous a vu passer, court vers le bureau du responsable du port. Celui-ci, arrive en courant au moment où nous embarquions, en nous indiquant que le port est fermé, et que toute sortie est annulée jusqu’à nouvel ordre ! C’est quoi ce cirque ? Notre capitaine, visiblement très agacé, nous redit que pour lui, il n’y a pas de problème, qu’il navigue sur le lac depuis qu’il est adolescent et qu’il n’est jamais parfaitement calme comme le souhaiterait le responsable du port. Cela dit, il ne peut prendre la responsabilité seul de nous embarquer et nous repartons donc vers l’officine… Nous discutons du coup un peu avec le capitaine du bateau qui nous dit que depuis 2 ans il ne peut plus travailler correctement car c’est un bureau basé à Chile Chico (donc à près de 200 km de là) qui décide unilatéralement de l’ouverture ou de la fermeture du port et que le prétendu responsable ne fait que retransmettre ses ordres. A priori, notre officine n’a pas payé tous ses pots de vins… Mais vers 10h00 arrivent 2 bus de touristes et comme par magie, le port s’ouvre alors que les conditions de navigation n’ont pas changé… Bref, on embarque enfin !
Les cathédrales se trouvent à une vingtaine de minutes de barque à moteur. Ça bouge un peu, mais ça va.



Là-bas, le spectacle est magnifique car le lac est très clair. On reste presque 2 heures sur place à faire le tour des cathédrales, rentrer dans les grottes creusées par les eaux, et prendre plein de photos.









        

Le retour est bien plus mouvementé. Il y a des creux de deux ou trois mètres, on est dans un énorme manège aquatique. Tout le monde s’amuse mais au bout de 45 minutes de lutte, à « rebondir » sur les bancs en bois bien durs avec des vagues bien plus hautes que notre petite embarcation, la nausée n’est pas loin et nous avons hâte de rentrer au port… Nous arrivons enfin, trempés, et le port est de nouveau fermé, on comprend mieux pourquoi maintenant. Mais notre capitaine était très bien.
Avant de repartir, on prend un petit café au chaud dans le camping-car d’Aurore et Philippe pour faire plus ample connaissance. C’est bien sympa. Nous prenons la même route, peut-être nous reverrons-nous dans quelques jours.
Nous remontons vers Coyhaique, toujours sur la fameuse Carretera Austral. Montagnes, lacs et rivières se succèdent, on adore.




Tous les moyens sont bons pour ne pas perdre ses chaussettes...
Les enfants n’auront pas eu trop à attendre puisque le soir même, nous retrouvons Aurore, Philippe et leurs enfants dans une auberge qui fait également camping dans le village de Villa Cerro Castillo. 


Plutôt calme et confortable, on apprécie la bonne ambiance chaleureuse de cet établissement tenu par un couple americano-chilien. Tout le monde vaque à ses occupations dans la pièce commune. Nous on prépare un bon diner pour tous les 9… Ça fait une grande table.



Le lendemain matin, nous faisons la connaissance du fils des propriétaires. Il est adorable, et à 4 ans, il switche très simplement de l’espagnol à l’anglais, absolument sans effort… C’est un petit bavard, très curieux. Génial. Avant de repartir, la propriétaire propose aux enfants de décorer l’arbre de Noel, on est le 23 aujourd’hui quand même. Même si on ne passera pas la soirée de Noël ici, les filles sont ravies…




Nous rejoignons ensuite Coyhaique, où nous nous arrêtons faire quelques courses pour le réveillon. Nous avons ensuite prévu de nous arrêter dans un petit camping que des cyclistes rencontrés à Los Antiguos nous ont fortement conseillés du côté de Puerto Aysen, Las Torres del Simpson. C’est effectivement très calme et très sympa, parfait pour Noël. 



Il y a un grand quincho (abri) avec une immense cheminée centrale, une cuisine sommaire, et même une table de ping-pong. Le propriétaire, Nacho, nous accueille à bras ouverts. Il joue de la guitare, et passe ses soirées avec les campeurs. Il y a actuellement un couple de cyclistes (lui est Suisse, elle est Néo- Zélandaise), et un couple chilien génialissime en lune de miel, Dianne et Rodrigo. 


Malheureusement, tout le monde repart le 24, mais bon. On sympathise autour d’un bon verre de vin.
Dianne nous donne plein de conseils pour notre séjour à Santiago. Ils doivent partir vers 10h00, ils partiront finalement vers 14h00. Super rencontre, on décide de se revoir à Santiago en janvier.





Respect!



Ce n’est pas tout ça, mais on a bien envie de fêter Noël dignement. Nacho nous dit que la tradition, c’est de diner avec toute la famille et de partager le repas le soir de Noël. Cool ! C’est parti pour les préparatifs : Thomas se met à faire de bonnes crêpes et Keral son poulet au citron pendant que Ben va cueillir et planter des salades avec Nacho et prend un cours de fumage de poisson avec John, le copain américain de Nacho. Mais il manque quelque chose dans notre belle salle… Et oui, pas de sapin de Noel, ni de décoration… Qu’à cela ne tienne, Nacho nous découpe une belle branche d’arbre, du peuplier je crois (y’a pas trop de sapins dans le coin…) qu’on accroche à une des poutres du quincho. La femme de Nacho sort un petit sac de déco, les filles font quelques petits dessins pour égayer le tout et voilà, tout y est, on est prêt !








Super diner, avec des légumes frais des serres, du bon saumon fumé par John, des œufs pimentés bien relevés… Un vrai régal… Une soirée toute simple, mais vraiment sympa, tout le monde apprécie.
De plus, Nacho a installé des micros sur sa sono et les filles improvisent un petit concert (libérrééeeee, délivréééeeeééée, mais aussi « J’ai 10 ans » par Louise, magnifique reprise d’Alain Souchon, une chanson apprise pour l’école, et puis un peu de Renaud pour faire bonne figure (Miss Magie, …), et enfin, du John Buttler Trio que l’on fait découvrir à Nacho, qui ne se débrouille pas mal du tout à la guitare.
Le lendemain matin, les filles sont levées à 7h00, Ben les retrouve assises devant notre bel arbre de Noël, sous lequel on trouve plein de petits cadeaux ; il y en a pour tout le monde, même ici, le père Noël nous a retrouvé, et il est généreux, dans la limite de ce que peut contenir la voiture, bien sûr. Super matinée…

Le Père Noël a pu passer par la cheminée du quincho, parfait 

Notre petit ange et la maison ont fait le trajet depuis France 







Heureux, nous reprenons la route, direction Futaleufú… On a vraiment passé un Noel très chouette chez Nacho et on s’en souviendra. Plein de gens adorables, une façon de vivre simple, et un très bel accueil…

Ah si, dernière chose avant de partir… Vers 10h30, chacun vaquait à ses petites occupations, quand tout à coup, un immense banc du quincho, pourtant fixe, s’est mis à trembler… Ben a d’abord pensé qu’il avait pris une cuite ultra rapide, sans alcool… mais en se retournant, il voit le gros lustre qui éclaire la pièce se balancer tout seul lui aussi… Houla, c’est pas normal… Le temps de reprendre ses esprits (et que Nacho arrive), tout le monde est dehors, nous venons de vivre notre premier tremblement de terre… On est assez loin de l’épicentre, mais ça fait quand même tout bizarre… Nos téléphones sonnent pour annoncer une alerte tsunami également, mais nous ne craignons rien, nous sommes loin des côtes. On va tout de même rester dehors une quinzaine de minutes, en attendant une éventuelle réplique, mais rien ne vient… Quelle expérience pour un 25 décembre… On s’en souviendra. Et pour la petite histoire, à cet instant précis, nos nouveaux amis, Dianne et Rodrigo étaient eux sur un joli bateau direction l’île de Chiloé, pile sur l’épicentre… Ils n’ont pas senti grand-chose, mais ont eu assez peur de l’alerte tsunami annoncée, qui finalement n’aura pas lieu… Le tremblement de terre, qui n’aura fait que des dégâts mineurs et aucune victime, était tout de même de 7,6 sur l’échelle de Richter. Ils ont l’habitude dans la région, mais ça fait tout de même plus de 7 ans que Nacho n’avait pas vécu de tremblement de terre…

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