13- Chili 1 : Atacama

Vendredi 7 octobre 2016, nous voici donc entrés au Chili, dans la région d’Atacama, l’une des plus arides du monde, où certains endroits n’ont pas vu une goutte de pluie depuis plus de 80 ans… Oui, c’est sec, on vous le confirme.




Première étape : régulariser nos passeports et faire enregistrer le véhicule. Le poste frontière est facile à trouver dans San Pedro et tout est super bien organisé. Les douaniers fouillent rapidement la voiture à la recherche de produits frais, interdits ici et comme on est rentré au Chili un peu plus tôt que prévu, il nous en restait un peu donc ils nous retirent nos pommes, nos bananes, nos poivrons et notre miel. En revanche, ils nous laissent étonnement nos œufs et notre petit saucisson. Et ils sont sympas en nous laissant manger ce qu’ils ont confisqué dans le poste de douane. Le Chili est très strict sur ces règles sanitaires. On peut entrer dans n’importe quel pays frontalier avec des produits frais chiliens, mais pas l’inverse… OK, on ne comprend pas toute la logique mais on est prévenu.

Kindle party en attendant
Seconde étape, trouver un endroit pour dormir avant de rejoindre Calama demain, qui se trouve à une centaine de kilomètres.
Là, grosse déception, ... Tous les guides et certains voyageurs qu’on a croisé encensaient San Pedro mais nous ne sommes franchement pas sous le charme, et surtout pas des 80 € par nuit qui nous sont demandés pour garer le van dans la cour d’un hostal et prendre une douche chaude. On en rêvait pourtant après les 3 nuits dans le froid du Lipez ! Franchement dégoutés, on reprend la route à la tombée de la nuit.
Autant dire que ça n’est pas facile de rouler avec une voiture qui n’a plus suffisamment de puissance pour monter les côtes les plus simples. C’est max 40km/h, de nuit qui plus est, avec les 38 tonnes qui collent…
On finit par s’arrêter quelques kilomètres après Atacama dans un petit chemin en contrebas de la route pour ne pas être trop visibles. Installation rapide (on commence à être pas mal de ce côté-la !), soupe à l’arrière de la voiture et au dodo sous le beau ciel clair plein d’étoiles. Il fait seulement frais, ça fait du bien.
Le lendemain matin, on repart vers Calama. C’est une grande ville perdue au milieu du désert, bien connue pour son immense mine de cuivre à ciel ouvert. La route, plutôt plate pour finir, se passe bien. On trouve une connexion ouverte et gratuite proposée par le gouvernement chilien en centre-ville. C’est a priori répandu dans la plupart des villes du Chili. Ça nous permet de localiser le garage VW et d’avoir un peu plus d’info sur l’offre camping du coin car on doute que la voiture soit réparée de suite ; on est samedi et c’est évidemment un long week-end avec lundi férié (on commence à être habitué…). Cette fois-ci on fête la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. On reconnaît que c’est une bien belle découverte mais on l’aurait bien vue un autre jour…
On trouve rapidement notre garage VW (qui est aussi le garage Nissan, et le garage Hyundai), grâce à un chauffeur de taxi qui nous a intercepté sur la route en voyant nos plaques pour savoir s’il pouvait nous aider (en français s’il vous plait…), et grâce aux bons yeux de Thomas. On cherchait un gros garage VW, et finalement, le logo est bien caché derrière celui de Nissan et de Hyundai.
Ceux-ci nous confirment qu’il faut revenir mardi à partir de 9h00…
Pour la banque, c’est bon, et c’est plus simple qu’en Argentine et au Brésil, les frais sont un peu moins importants, et pas besoin de tirer 3 fois (avec 3 fois les frais comptés) pour retirer 300€… Par contre, ça fait bizarre d’avoir des billets de 50 000 dans les poches (le taux de conversion est 1€ = 730 pesos env…).
On fait une étape par le supermarché du coin, le Jumbo. Il est immense, ça fait bizarre et plaisir à la fois après les petits marchés de Bolivie, qui étaient néanmoins agréables. On déjeune à la cafétéria, un vrai plat chaud et bon. Ça fait plaisir à tout le monde !
Dernière étape, le camping. On a hâte de se poser. On trouve un camping, Cabañas Casas del Valle à côté du stade de foot. Nous sommes accueillis très gentiment par un couple de retraités ; le monsieur est un ancien policier qui s’est arrêté tôt car il ne supportait plus le danger lié à sa profession et aux trafics de drogues. Cette discussion nous a bien fait penser à certains d’entre vous en France… Bref, il s’est lancé dans ce projet camping et y a mis tout son cœur et son originalité. Il collectionne et expose devant leur maison tout ce qu’il trouve : vieilles chaussures, machines à coudre, pierre et roches en tous genres, statues et bien sûr nains de jardin, ...). Pour nous souhaiter la bienvenue, le drapeau français est hissé à l’entrée du camping à côté du drapeau chilien et brésilien d’autres campeurs… Si c’est pas de l’accueil ça ! On est un peu à la maison.





 On va profiter de ces quelques jours pour dormir, étudier beaucoup, faire les lessives qui s’imposent (et avec le vent chaud du désert, et bien ça sèche en quelques minutes…), et se faire de bons petits plats… Le week-end passe tranquillement, quelques balades en ville, ravalement complet pour Keral, coiffeur pour Ben (ça devenait n’importe quoi, surtout la barbe et le bouc qui commençait à concurrencer Jim (dixit les filles), et Jim, c’est une marque déposée !), un barbecue tous les soirs…


L'union des chamallows


Mardi matin, branle-bas de combat, il faut se lever tôt, sortir les affaires nécessaires pour la journée pour les enfants, et à 8h30, Ben est au garage. Il est pris en charge tout de suite par le mécanicien VW, qui va finalement s’en occuper toute la journée. Il faut nettoyer le filtre à particules, qui se bouche à cause du soufre contenu dans le diesel bolivien (plus de 5000ppm, alors qu’en Europe, le taux est de moins de 10ppm), et de l’altitude très importante du Sud Lipez, avec des passages à plus de 4900 mètres. A cette altitude, le manque d’oxygène ne permet pas de brûler correctement les particules, et le moteur ne chauffe pas comme d’habitude, surtout à 15km/h de moyenne. Bref, les véhicules Euro5 n’aiment pas. Mais notre mécano semble avoir l’habitude, et il me dit que c’est encore pire chez Nissan. On en profite pour réparer le lève-vitre qui grince un peu, changer l’huile, l’ensemble des filtres, et les plaquettes de frein qui ont bien souffert dans la montagne.
Arrivée à 8h30, sortie à 18h00, après un tour d’essai de la voiture avec le mécano qui est super heureux de la conduire (Ben s’accroche au siège), quelques cours d’espagnol en prime, et un nettoyage complet à la main avant de repartir. Tout ça pour le prix d’une petite révision en France, c’est cool, on va pouvoir repartir tranquillement. Et là encore, on a quelques leçons d’accueil et de service à prendre en France.  
Le lendemain on part visiter l’immense mine de cuivre à ciel ouvert de Chuquicamata, la plus grande du monde. C’est l’entreprise d’État elle-même qui organise ces visites gratuites. C’est très intéressant et super impressionnant.



La fosse principale fait à ce jour 850 mètres de profondeur, 5 km de long et environ 3 km de large ! Les camions mettent 25 minutes à descendre et 1 heure au moins à remonter chargés. Ce sont des camions hors normes qui mesurent 7 à 8 mètres de hauteur avec des roues de presque 4 mètres de diamètre ! Leur prix aussi donne le tournis : 5 à 10 millions USD le camion à benne, 40 000 le pneu qu’il faut changer tous les 8 mois !

Monster truck contre Majorette
Avec cette mine qui donne 1500 tonnes de minerai par jour, le Chili est l’un des premiers exportateurs de cuivre.
On est quand même un peu dubitatif niveau écologie quand on nous explique les procédés d’extraction : renseignements pris après la visite, la mine est ultra polluante que ce soit pour l’air, la terre et les nappes phréatiques avec des rejets de soufre et d’arsenic principalement… Sans parler des 4L/minute que consomment les camions…
Les employés vivaient jusqu’à il y a quelques années dans un village construit pour eux à deux pas de la mine mais les nouvelles règles de sécurité et l’extension de la mine ont aboutis à son évacuation. Du coup, tous les travailleurs vivent dans Calama et nombreux sont ceux qui disposent d’un véhicule type pick-up. La ville grouille de ces voitures rouges avec leur arceau lumineux qui une fois déployé fait 4 m de haut. Celui-ci est indispensable pour que les conducteurs des bennes géantes les repèrent et ne les écrasent pas.
Lors de cette visite, on rencontrera deux familles françaises très sympas, en voyage au long cours également. Petits et grands sont très heureux d’échanger.


Rencontres sympa aussi au camping avec un groupe de 4 amis français, qui font un tour de quelques mois avec un Toyota + tente de toit achetés au Chili (http://caribouetflutedepan.com) et d’une famille de Puerto Madryn adorable.



On était bien à Calama, il fallait boucler le premier module pour Louise, donc au final on sera resté une semaine complète. Après avoir fait le nettoyage de printemps de la voiture et le plein de nourriture, on repart tranquillement vers San Pedro pour aller les merveilles qui l’entourent. On dormira une nouvelle fois dans le désert avec une vue imprenable sur le désert d’Atacama et les Andes.


Lumière garantie sans trucage!


Au lever, toujours aussi magique
Au matin, petite halte à la vallée de la Muerte (qui vaudra à Keral une grosse engueulade avec la garde qui nous demande de payer 10 000 pesos (près de 15€) pour prendre une photo, une journée qui commence bien…) puis direction THE Valle de la Luna.

Valle de la Muerte
En surplombant la Valle de la Luna
C’est vraiment superbe et on arrive avant tous les cars donc ça rajoute à la magie. Visite de la grotte de sel puis belle balade jusqu’au sommet d’une dune avec vue à 360°… On adore.










Immenses tourbillons de sable en repartant
On traverse San Pedro pour faire le plein dans l’unique station qui se trouve dans un hôtel, puis on fait route vers le Sud et le désert. On trouve un coin un peu à l’écart de la piste, à l’abris des regards et du vent, dans un petit canyon pas naturel, très poussiéreux, mais bienvenu dans cet endroit très exposé.

Salar d'Atacama


Le lendemain, on monte admirer les Lagunes de Miscanti et Miñiques, à plus de 4200 mètres d’altitude, puis on continue vers le Paso de Sico, la frontière avec l’Argentine.



Laguna Miscanti

D'élégantes vigognes
Miscanti
Miniques
 La piste est difficile, et longue (plus de 100km) ; mais le paysage est encore une fois magique. On était venu pour ça, on est servis ! Voyez plutôt : voici la laguna Tuyajto et les Piedras Rojas.







A quelques kilomètres : 



On passe la nuit à l’abri d’un gros rocher (à l’abri, tout est relatif), le vent froid soufflant assez froid.





Cette fois, Thomas dormira avec Ben dans la tente, Keke va essayer de dormir un peu au chaud dans le van avec les filles. Et effectivement, il fait froid. Le matin, la bouteille d’eau est complètement gelée dans la tente… Mais la nuit a été bonne, le vent a été assez clément au final. Et le paysage au réveil est magnifique. Petit dej tranquille, et on repart…


Malheureusement, une nouvelle fois, le signal du filtre à particules s’allume. La piste est meilleure qu’hier, heureusement, et nous permet de rouler un peu plus vite. On se console avec le paysage. Après 40 km de piste, nous arrivons à un très grand poste frontière, perdu au milieu de rien. Nous sommes tout seuls, et les gardes ont l’air contents de voir du monde. Bonne ambiance, c’est sympa.
Nous voilà revenu en Argentine pour quelques semaines, avec pas mal de route et en perspective…


PS: si vous voulez en savoir plus sur la région, on vous recommande 2 épisodes de « C’est pas sorcier » : un sur le cuivre qui parle entre autre de Chuquicamata et un sur le désert d’Atacama.

1 commentaire:

  1. Très chers Five, quel plaisir de vous lire et de découvrir en détail tout ce que vous avez déjà vécu avant notre rencontre il y a une semaine à peine, dans ce lodge de Puerto Guadal en Patagonie chilienne ! Vous aviez déjà suscité notre admiration, là on est complètement scotchés... Merci de nous faire partager ces beaux moments, ces textes vivants, ces photos magnifiques et ces sourires de vos adorables Thomas, Louise et Maïder ;-) On vous embrasse tout tout fort, y que todo le valla muy bien comme on dit là-bas !
    Philippe & Michèle

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