4- Buenos Aires 2 - En attendant le camion...

Le 7 au soir, nous retrouvons notre petit appart de Palermo. C’est sympa d’avoir ses repères.
Lundi après-midi nous avons rendez-vous avec le courtier en douane qui travaille avec le transitaire. Il est spécialiste des imports faits par des particuliers comme nous donc c’est plutôt rassurant. Mais c’est aussi un peu la douche froide car au vu de l’heure d’arrivée du bateau mardi et de toutes les démarches à effectuer, il nous laisse peu d’espoir de récupérer le van avant le week-end du 15 août avec lundi férié comme en France… Outre les frais supplémentaires que ça induit (logement pour nous et frais de "gardiennage du container" au port - no comment-), on commence à être impatients de commencer vraiment le voyage !!
Bref, en attendant le verdict, on continue notre exploration de la ville :
Mardi 9, c’est direction le Museo de los niños, le musée des enfants.

Un peu exagéré le nom de musée car c’est plus une Cité des enfants comme à La Villette, en moins scientifique et surtout hyper sponsorisé (Mc Do, Fiat, etc.. ): les enfants peuvent imiter des dizaines de métiers différents mis à leur échelle. Les filles se sont éclatées, Thomas, lui, a vite fait le tour, c’est normal.




Très concentrée madame la dentiste

Ça passe large !

Le rêve, une maison en bonbon et gâteaux!!

Bousculade à la caisse comme d'hab...


En rentrant, on prend des nouvelles de notre cher camion qui devait arriver au port dans l’après-midi ; le bateau a 24 heures de retard donc c’est définitivement mort pour le récupérer vendredi.
Une fois la mauvaise nouvelle digérée, on décide de mettre à profit ce temps supplémentaire en ville.
Ce serait top si les enfants pouvaient passer quelques heures dans une école argentine, juste pour voir, écouter comment ça se passe. Il y a justement une école primaire publique juste à côté de notre immeuble. Dans un premier temps, seule Maïder est volontaire. On toque timidement à la porte et là, super accueil encore une fois, la directrice et ses collègues sont emballées. Il nous suffit de revenir demain en début d’aprem avec les copies du carnet de santé (merci ma Jo !), passeport et livret scolaire prouvant qu’elle était scolarisée en France. Easy ! On rentre à l’appart tellement contentes que Louise veut finalement tenter l’expérience.
Le lendemain, tout est prêt, les filles coiffées (pour une fois !), heureuses, un petit goûter dans le sac et c’est parti ! Et là, grosse déception, la directrice s’est renseignée à un plus haut niveau et les filles ne peuvent pas rester pour des raisons d’assurances notamment. Bon, j’avoue que ça m’avait étonné que ce soit si facile… L’équipe est sincèrement désolée et s’excuse mille fois. On réessayera probablement un peu plus tard dans le voyage. Les filles sont évidemment déçues mais on positive en se disant qu’au moins on a pu rentrer, discuter avec des maîtresses, voir quelques enfants, quelques salles de classe, un cours de théâtre, etc… C’est déjà pas mal !




Pendant ce temps-là, Ben et Thomas se sont occupés de l’assurance pour le véhicule.

Vendredi c’est déménagement car l’appart est loué pour le week-end. On compatit
complètement avec les familles qui voyagent sac au dos !
Nous avons trouvé in extremis un autre appart abordable à 15 minutes à pieds. On aurait pu changer de coin mais après avoir quadrillé la ville à pieds et en bus, le sud de Palermo est à notre avis le meilleur endroit pour loger et ce n’est pas très loin du transitaire et du port (à l’échelle de Buenos Aires, hein donc 30 minutes à pieds).
L’ appart est plus grand mais il donne sur une avenue très bruyante d’un côté et une cour de 2 m2 de l’autre donc sans lumière naturelle et avec l’impression d’être chez le voisin… Bon, pas de regret il n’y avait plus grand choix dans les premiers prix la veille pour le lendemain… Avantage tout de même, il a une machine à laver! Quoique le système de laverie ici n’est pas trop mal non plus : tu déposes ton linge le matin et tu le récupères le soir, propre, sec et plié pour moins cher qu’en France. Pas le choix dans la lessive en revanche donc ça pique un peu le nez mais bon…


Autres choses qu’on a pu remarquer après tous les km parcourus dans Buenos Aires et notamment dans notre quartier :

      Le nombre de personnes clairement plus âgées que les personnes à la retraite en France qui continuent de travailler. On les a vu occuper notamment des postes de concierges mais en nettement moins confort que chez nous car ils ne restent pas chez eux mais sont assis à un petit bureau dans le hall des immeubles toute la journée à juste vérifier les entrées et les sorties. Pas mal de vendeurs associés ou pas aussi qui continuent de faire tourner leur boutique.
     Renseignements pris, l'âge légal de la retraite est de 60 ans pour les femmes et 65 pour les hommes mais elle ne suffit souvent pas pour vivre donc ils continuent leur activité. Pas de grosse différence donc à priori.


-       Les cartoneros : au début on pensait qu’ils étaient employés communaux car ils portaient quasi tous le même uniforme. Ils sillonnent les rues avec leur chariot et récupèrent des cartons, etc dans les poubelles de déchets recyclables. On se disait que quand même, pour une grande ville comme BA, ils pourraient avoir un système de recyclage des déchets un peu plus efficace ! J’avais même été jusqu’à demander à l’un d’eux où il emmenait son chargement… Il me répond « chez lui ». Je n’y comprenais rien… J’ai laissé tomber ; avec mes 3 mots d’espagnol on n’aurait pas été bien loin dans la conversation et je lui faisais perdre son temps. On a appris qu’après comment on les appelait et que c’était en fait des personnes démunies qui arrivaient à se faire un peu de sous comme ça. Comme quoi il ne faut pas rester sur des a priori. Pour en savoir plus :
Moreno Sainz María Laura, « Les récupérateurs de déchets à Buenos Aires : de l'exclusion à l'intégration sociale ? », Autrepart 3/2007 (n° 43), p. 25-39


Manifestation du personnel d'une chaîne câblée pour leurs salaires
Les gens font la queue sagement en attendant le bus et personne ne double ou ne s'agglutine devant la porte à son arrivée. Agréable !
Vous prendrez bien une petite orange?

Samedi, jour du grand soir ! Nous allons au théâtre ! Nous voulions initialement découvrir le tango, mais renseignements pris, c’est clairement inabordable. Felipe, le transitaire nous a conseillé un musical de quartier sur l’histoire de l’Argentine de 1930 à nos jours avec un peu de tango dedans à priori, « El fulgor Argentino ». C’est juste parfait ! La salle se trouve dans le quartier de la Boca que nous n’avions pas encore visité donc on s’était fait notre petit programme : fin d’aprem et diner là-bas avant le spectacle qui ne démarre qu’à 22h (!) Sauf que même un samedi soir, tout ferme là-bas à la nuit tombée. On profite des derniers spectacles de rue, carnavals rythmés et on part se promener un peu dans les rues colorées que l’on voit sur toutes les cartes postales, quand un homme nous interpelle et nous dit un peu stressé : il ne faut pas rester ici, c’est dangereux pour vous, allez prendre un bus. OK… Bon bah on va y aller alors…



Déçus, on va diner dans San Telmo, le quartier voisin (Au Café Fédéral, brasserie bien sympa), mais il faut bien revenir pour le spectacle dans la Boca, visiblement peu accueillante, avec des billets achetés sur internet, sans être bien sûrs de ce qu’on va trouver… Pas supers rassurés, on se prépare : Ben harnache le sac à dos, l’appareil photo au fond, on met tous nos capuches et on trace… Sauf qu’il n’y a plus de bus de la bonne ligne… Après 30 minutes d’attente, on va finir par être en retard et on se résout à prendre un taxi et là, … soulagement, le théâtre est certes au fond d’une rue glauque et paumée mais il existe bien et il y a du monde devant !





Nous passons un très bon moment même si on ne comprend pas grand-chose forcément. Le musical a été monté il y a une dizaine d’années par une association de voisins de la Boca. Ils sont jusqu’à une bonne quarantaine sur scène.  Si les différents moments dramatiques de l’histoire récente de l’Argentine sont traités en chantant ou avec humour et beaucoup de sarcasme (ça passe donc pour les enfants), on sent à quel point la population a dû souffrir (loi martiale, crise économique majeure et évidemment l’effroyable guerre sale) et comment cette histoire les a soudés. Ça donne envie d’en savoir plus.
Nous rentrerons en bus sans encombre. 

Vu le peu de temps qu’on a pu passer dans le quartier la veille, on décide de repartir à la Boca, de jour cette fois. Ça confirme nos impressions, que la partie montrée dans les guides avec les maisons colorées ne représente en fait que 3 ou 4 rues du quartier et n’est qu’une enfilade de resto et de magasins de souvenirs et de contrefaçons. Loin d’être authentique ! Nous avons en revanche été touchés par les danseurs de tango qui se produisent devant de nombreux restaurant. Ils sont certes là pour attirer le client mais à les observer on a vraiment eu l’impression qu’ils prenaient du plaisir à danser.  Hyper concentrés, posés, précis, élégants, bluffant. Coup de cœur !



A quelques pas de là se trouve le stade mythique de la Boca. Un petit tour et nous sommes repartis car on ne se sentait pas hyper à l’aise.


Lundi, Keral a trainé Maïder et Thomas jusqu’à San Telmo car c’est un quartier par lequel nous sommes souvent passé en bus mais sans s’y arrêter vraiment. Pour changer on a pris le métro. Pas trop sale mais une odeur de pisse à gerber. Amis parisiens !

C’est bon, Maïder a retrouvé le sourire en voyant Mafalda...
Tango ! On ne se lasse pas de les regarder



Je voulais aussi avoir le cœur net sur ce que représentait une série de petits panneaux blancs alignés plantés sous les ponts de l’autoroute qui traverse la ville. Les bus qu’on empruntait passaient devant trop vite. On arrivait juste à lire : Club Atletico. Arrivé devant tu comprends que c’est un mémorial lié à la « guerre sale » et que les panneaux sont aux noms de disparus retenus, torturés et éliminés à quelques mètres de là où tu te trouves… C’est glaçant et ça s’est passé il y a à peine 40 ans. Le Club Atletico, nom au-dessus de tout soupçon, était en fait l’un des plus de 600 centres clandestins de détention qui ont existé.
Maïder y a vu « un bonhomme dessiné dans la terre », et j’ai bien discuté avec Thomas.




Mardi arrive enfin ! Nous sommes sensés récupérer le van aujourd’hui. On a tout préparé, prêts pour une journée marathon et surtout pour le grand départ !
Nouvelle désillusion quand on nous dit que le container ne serait scanné que mercredi après-midi ce qui veut dire qu’on ne verra le camion que jeudi !! On n’est pas loin de péter le câble, là, mais on ne peut rien faire qu’attendre malheureusement. Bon, je m’enfile quand même la moitié du paquet de gaufrettes pour oublier, on se répartit les enfants et les tâches et on repart arpenter la ville : pour Ben et Thomas c’est mission Poste, cartes et topoguides pour nos futures randos (si on arrive à quitter Buenos Aires un jour) et nous c’est peinture mat pour rendre nos jerricans et plaques de désensablement un peu moins voyants et scratch pour réparer les occultants pour les vitres + finalisation de mon petit projet stickers pour le van que vous verrez prochainement si tout va bien.
Les pauvres gars avaient oublié le plan de la ville à la maison si bien qu’ils ont parcourus près de quinze km pour trouver les bonnes adresses…

Ah et heureusement l’appartement est libre les 2 prochains jours donc on a pu rester dans notre bunker sur boulevard, c’est toujours ça.

Mercredi c’est journée jocker puisqu’on ne l’avait vraiment pas prévue …
« Tiens, si on allait au musée ? »
 En 3 semaines, je ne l’ai tentée qu’une fois celle-là, c’est correct, non ? On a le Musée des Arts Latino-Américains au bout de la rue quand-même !
Réponse en cœur, en grimaces et en soufflant : « on est obligéééééé ? »
J’ai réussi à convaincre les filles en leur promettant une carte postale à l’entrée pour qu’elles puissent retrouver l’original à l’intérieur (merci mes parents pour cette méthode ;-))
Pas grand choix mais elles trouvent leur bonheur. Sauf qu’à la caisse la vendeuse nous annonce que la collection permanente est fermée depuis HIER et jusqu’à fin septembre pour modifications… On peut aller voir une expo sur Yoko Ono si on veut.
Ok, … Je n’ai rien contre Yoko et ça doit être intéressant mais bon là, si ça ne s'appelle pas de la scoumoune… Bref, plan B, c’est dans le coin, il fait beau, les filles n’en ont jamais visité et moi non plus, … on va se détendre au Jardin Japonais.
Si on fait abstraction des bruits de circulation et des building alentours, c’est plutôt réussi ! Coïncidence qui nous a fait sourire, on s’est retrouvé devant une grande poupée Daruma, symbole de persévérance. On l’a bien saluée.




En rentrant, petit thé et écriture de l’article qui sera probablement le plus long de l’histoire de ce blog car demain on décolle ou j’abandonne ! Non, j’déconne. Aller on croise les doigts et les orteils.

3 commentaires:

  1. que de périples et d'aventures que vous a créé l'attente du van!!

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  2. Vous faites vraiment une belle aventure.

    Profitez bien !

    Manu CONFAIS

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  3. Quel plaisir de suivre vos aventures!!!!
    J'ai hâte de connaître la suite!
    Grosses bises à vous 5.

    Karine B

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