Bilan voiture, équipement et vie en van

La question au retour du voyage ; est ce que notre van était la bonne option pour ce trip de 13 mois en Amérique, à 5 dans un T5 de 2014 ?
On avait retourné la question dans tous les sens des milliers de fois avant de prendre notre décision de partir en van donc difficile de simplement opposer le pour et le contre car pour quasiment chaque inconvénient il y a un avantage et vice et versa. 
Alors, avec le recul, qu’est-ce qu’il en ressort ? 

Ce qu’on a vécu comme des inconvénients
Le filtre à particules…. Si c’était à refaire, c’est le premier truc qu’on vire. 
On voulait voyager avec une voiture plutôt propre (enfin, aussi propre que possible, 10 à 11 litres au 100km, 230g de CO², …) – je vous promets, on était le top du green là où on est passé ; on ne vit pas dans le même monde ! – par exemple aux US, on parle de « Miles per Gallon » - le van fait du 25/30 miles per gallon ; les américains, avec leur van V8, voire V10, c’est du 15, des fois 12 miles per galon…. Terrible – 
Seulement, il faut savoir (mais ça on ne l’a découvert qu’après) que nos voitures européennes sont prévues pour rouler jusqu’à 2800 mètres d’altitude, et déjà, à cette altitude, le moteur s’encrasse. Alors quand on roule des centaines de kilomètres en ligne droite sur l’Altiplano à 4000 mètres d’altitude, ça marche moins bien – et oui, le mélange oxygène / gaz qui permet de brûler les particules et régénérer le filtre ne peut pas se faire, et du coup, ça bouche…. Avez-vous essayé de rouler avec un bouchon (le fameux coup de la peau de banane) dans le pot d’échappement ? Eh bien, vous verrez, ça marche moins bien… C’est bizarre vous me direz, les normes Euro5, voire Euro6 existent aussi dans certains pays d’Amérique du sud…. C’est vrai, mais j’ai pu comparer le filtre d’une Porsche en Euro 6 avec celui du van, qui est Euro 5, au Pérou…. Ça n’est pas la même taille de filtre, c’est clair… Papier à cigarette pour le Pérou, 15 cm de filtre pour nous….
Et comme la voiture réfléchit beaucoup, qu’elle voit que son filtre se bouche, elle se dit, mince, je risque d’abimer le moteur, et en plus, je vais commencer à polluer… Alors, elle se met en sécurité moteur, et t’as l’impression d’avoir mis le moteur de ta 103 SP sur un engin de plus de 3 tonnes ! Tu les sens plus vraiment les 2 turbos et les 180 chevaux annoncés ! On a fait plusieurs milliers de km comme ça. Pas top dans les montagnes ou on se faisait doubler par des 38 tonnes, alors qu’on était à fond de première, sinon, on calait !  
L’autre problème, les filtres moteur : Le gasoil n’est pas le premier choix Européen là-bas, donc le TDI 4 cylindres avec des tous petits injecteurs, il faut quand même mettre un gasoil assez propre. Donc, il faut changer le filtre à gasoil très régulièrement, ainsi que le filtre à huile (tous les 5 a 10 000 km au lieu de 50 000 en Europe). Le filtre à pollen qui absorbe beaucoup de poussière, est également a changer tous les 20 000km (en fonction des routes, enfin des chemins pris).
L’entretien global de la voiture. 
On savait que VW était très présent sur le continent sud-américain, donc on s’est dit, parfait, on prend VW et on est tranquille. Pour le coup, ce n’est pas faux. Certes, ça ne vaut pas Hyundai, Kia, ou Toyota, mais il y a beaucoup de garages VW…. Dans certains pays, pas mal de T5 (Argentine, Pérou, Équateur, Mexique, …) ; mais aucun, absolument aucun avec le même moteur… Le fameux 180CV bi turbo existe bien, mais uniquement sur l’Amarok, le pickup ; pour certaines pièces, ça va (par exemple, la plupart des filtres), mais pour d’autres, comme le moteur est positionné différemment, ça ne marche plus (les durites sont différentes par exemple)
Il faut aussi savoir que, après le Chili (Pérou, Équateur, Colombie, Mexique), les pièces de rechange passent au normes US ; et le filtre à huile avec un pas américain, ça ne se positionne pas bien sur une voiture européenne… Petit coup de flippe en Colombie d’ailleurs. Au final, je n’ai pu changer mon filtre qu’une fois en Californie grâce à Jo et Ludo qui en avaient amené un dans les bagages… Là aussi, le T5 n’existe pas aux États Unis, à leur grand regret. Le moteur ne consomme pas assez, pas cool d’avoir un petit 4 cylindres pour un américain, et puis d’un point de vue technologique, le T5 est beaucoup plus cher qu’un Van basique en V8…
La vie en van : 
- Un peu de logistique pour passer du mode nuit au mode route et inversement. Ça prenait environ 10 minutes tous les soirs pour s’installer, 15 minutes le matin avant de repartir. Ça se fait bien et on a limité la contrainte grâce à l’aménagement du coffre mais ça reste quand même un peu répétitif. 
- Pas de toilettes à part les toilettes portables dans la voiture, juste une pelle, et un trou à creuser le soir et à reboucher le matin. De ce fait, quand le bivouac sauvage n’est pas possible il faut absolument trouver un endroit où les WC sont accessibles 24h/24 comme un camping, ou une station-service, un supermarché ouvert la nuit ou encore l’hospitalité (cf. avantages ;-))))
Petite lecture pour ceux qui se poseraient des questions sur le sujet : Comment chier dans les bois - Pour une approche environnementale d’un art perdu de Kathleen Meyer 
- On vit dehors, on mange dehors, on fait les devoirs dehors, on se lave dehors … Et parfois, il y a du vent, il pleut et il fait froid… 
Difficile aussi du coup de s’installer dans les centres-villes comme beaucoup de camping-car car trop exposés ou pas assez d’intimité. 
- La prise au vent de la tente de toit peut être problématique notamment en Patagonie et Terre de Feu. C’est pour cette raison que nous avions choisi ce modèle mais malgré son toit incliné nous avons passé quelques nuits bien agitées s’il n’était pas tout simplement impossible d’ouvrir la tente au risque de finir à la belle étoile. 
- Pas de véritable espace fixe pour se relaxer si la voiture n’est pas en configuration nuit. Même si nos chaises sont confortables ça ne vaut pas un canapé ou un transat !
- L’espace restreint la nuit pour les enfants qui ont beaucoup grandi pendant le voyage. Les 45 cm de largeur par enfants étaient limites surtout les derniers mois. En plus, Maïder ne tenait plus sur la banquette et devait dormir en chien de fusil ou les pieds sur les toilettes …  
- Peu de place donc difficile de rapporter des souvenirs, tout est optimisé ; Ceci dit, on a quand même pris des autostoppeurs régulièrement ce qui nous faisait monter à 6, voire 7 dans la voiture, avec des sacs en plus et ça passe !
NB : on a surtout ressenti ces inconvénients quand nous étions dans le froid et la pluie persistante avec des voyageurs en camping-car ou fourgon plus aménagé que le nôtre car la différence de confort était alors flagrante. C’était beaucoup moins vrai, tranquilles, sous le beau temps. 
- Dernier point, le shipping ; c’est compliqué et ça coute cher de faire voyager une voiture sur un bateau ! 
Et les nombreux avantages
- On vient de parler de la galère des shippings mais ça vaut le coup/coût à notre avis cela permet de partir avec le véhicule que l’on connaît et qu’on a aménagé comme on le souhaite. Pas besoin de perdre du temps à l’achat et surtout potentiellement stresser pour la revente.
Le T5 rentre dans un container ce qui permet de sécuriser son contenu (après une bonne négociation avec les transitaires pour nous laisser être présents lors de la mise en boîte puis à l’ouverture).
- Quand le moteur n’est pas en sécurité, c’est puissant et sécuritaire sur la route, pour doubler, se sortir d’un mauvais pas !
- C’est confortable…. On peut rouler des heures sans être fatigué, on est en hauteur, on voit tout. C’est plutôt silencieux par rapport aux CC ou aux camions. 
- C’est petit, ça passe partout, même dans les ruelles de Potosi ou de Cuzco et tu te gares où tu veux comme une voiture normale. 
- C’est économique sur autoroute, 2 mètres de haut, simple essieu, ….
- Le 4x4, même s’il n’est pas indispensable, c’est quand même top…. Tu ne te poses pas de question, ça passe. On a bivouaqué dans des spots de dingue, vraiment, que nous n’aurions pas rejoints sans avoir les 4 roues motrices. Jamais on ne se serait engagé sur certains chemins, et encore moins avec un camping-car et le gros porte à faux !
- Dans la même idée, un autre point essentiel est que voyager avec son propre véhicule, quel qu’il soit, donne une LIBERTÉ inégalable. On va où on veut, quand on veut, on reste, on part, on choisit, on fait comme on le sent, à notre rythme. 
Cela permet aussi de découvrir les pays traversés dans leur ensemble et pas seulement passer de ville en ville comme en sac à dos. Même si les grosses étapes sont souvent proches de celles d’un voyage en sac à dos, les entre-deux sont tellement riches et pleines de surprises qu’il est bien dommage de passer à côté. D’autant que du fait des grandes distances en Amérique, ces tronçons se font souvent en car de nuit donc pour le coup on ne voit strictement rien. 
C’est vraiment un choix, on voit peut-être moins de pays mais à notre avis on les voix mieux. 
- Nous voulions faire l’expérience pour nous et nos enfants de vivre plus simplement rien qu’avec l’essentiel pendant un an. Le van a la taille parfaite pour contenir ce qu’on estime être le minimum pour 5 voire un peu plus. 
- Pour le coup on est aussi au top en termes d’organisation de voiture, tout a sa place ! Nos 2 voyages tests en Ecosse et au Portugal y ont été pour beaucoup car ils nous ont permis de parfaire l’aménagement du coffre était parfait avec les tiroirs qui permettent d’avoir tout sous la main sans avoir à tout sortir comme ça peut être le cas avec des caisses notamment.
- La tente de toit pour les parents qui, en plus d’être hyper confortable, permet d’avoir finalement plus d’intimité le soir que dans un camping-car. On pouvait discuter, débriefer, s’engueuler, se câliner sans gêner ou être gênés. C’est un énorme plus pour le couple et la famille à notre avis. 
- Pas de cassette de toilettes à vider, pas d’eau sale à évacuer, ….
- On vit dehors ! Et oui, c’est aussi un avantage et c’est ce qu’on voulait. 
Finalement, on ne ressent pas autant la promiscuité que ça car on n’est dans la voiture que pour rouler et dormir. 
C’est aussi tellement agréable la plupart du temps d’être au grand air, dans la nature, à suivre le rythme du soleil.
- Et on finira par ce dernier point qui est de loin pour nous le plus important de tous et qui fait oublier tous les inconvénients : les rencontres que cette manière de voyager nous a permis de faire. 
Une des familles rencontrée en route chez qui nous prenions l’apéro au chaud dans leur camping-car en Équateur nous a posé une questions simple : « combien de personnes, de locaux, avez-vous rencontré pendant le voyage ? » on a répondu « plein de gens super, ouverts accueillants, mais difficile de donner un chiffre » ; et il nous ont répondu, « et bien nous, à part les familles françaises en camping-car, et vous, ça doit se compter sur les doigts d’une main ; le soir on arrive, on se pose, on dort, on range, on part le matin, et on ne sort même pas du camping-car, pas besoin, et on est bien en famille… donc vous avez froid, pas de douche, pas de toilettes, mais au moins, vous rencontrez naturellement plein de gens, vous êtes obligé d’aller au contact, et ça c’est top » - j’avoue que cet échange nous a beaucoup marqué, car on a toujours plus tendance à voir le négatif que le positif, et nous, ce qui nous reste de ce voyage, outre la vie en famille et les beaux espaces, ce sont les gens !!!

On garde 
- La tente de toit, que du bonheur, avec de bons sacs de couchage
- Notre aménagement de coffre 
- Les 2 petites tables Lafuma tout terrain (réglage indépendant de chaque pied) au lieu d’une seule grande pour changer de configuration selon les besoins.
- L’auvent Howling Moon qui se ferme totalement sur le côté de la voiture, qui se met en place et se replie en 2 minutes, et ne prend pas (trop !) l’eau ; on double ainsi la taille de la voiture quand on est à l’arrêt, et parfois, c’est pas du luxe. Les côtés prennent un peu de place dans la voiture, mais c’est quand même pratique quand on s’arrête plus d’une nuit à un endroit…. Et parfois, un peu d’ombre n’est pas mal venu non plus !
- Notre pulvérisateur réservoir d’eau 
- Nos 2 grosses bassines rigides
- Les déflecteurs pour la pluie et une légère aération dans la nuit
- Les ventilateurs USB
- Notre glacière Norauto 12V/240V 40L, 99€ TTC, qui fait du froid en continu (jusqu’à -15°C par rapport à l’extérieur) vs les vrais frigos (à plus de 400€) qui se coupent avec le moteur, pour protéger la batterie !! Attention tout de même à la batterie, et batterie auxiliaire indispensable.
- Notre installation électrique qui était suffisante pour notre consommation et le fait qu’on roulait régulièrement. 
- Les 2 roues de secours (les 2 seules crevaisons qu’on ait eues ont eu lieu la même semaine avant qu’on ait pu réparer ou changer le premier pneu…)
- Le 4/4
- La réhausse et les protections moteur, pont arrière etc
On laisse
- Quelques fringues 
- La douche solaire (le pulvérisateur est mieux)
- Pas besoin de plus de 700, voire 800 km d’autonomie donc pas besoin des bidons d’essence supplémentaires (pour nous 30 litres au total) ; après, ça rassure, mais c’est vraiment dans la tête ! Maintenant, on se serait vraiment poser la question dans le Sud Lipez, mais ça passe !
- Le kit de réparation de pneu, c’est cool, ça prend peu de place, mais pour l’utiliser, faut être capable de démonter le pneu, et à la main, c’est compliqué…. Et il y a plein de super garagistes qui font ça de façon très propre et à l’ancienne (barre à mine et marteau) en Amérique du sud.
- Le pré filtre à gasoil ; tout le monde en met un mais la qualité du gasoil en Amérique du sud est correcte, même si ce n’est pas la norme européenne. Faut mettre le prix, c’est tout. Le pré filtre nous a simplement servit, à cause des vibrations liées à l’atat des chemins et à la souplesse des Silentblocs) à percer la durite de turbo, qu’on a dû faire importer de France, belle aventure… Je me souviens du moment où j’ai dû la changer au Chili, ça m’a valu une belle bosse ! 

On prend en plus

- Un éclairage extérieur digne de ce nom. Nous avions peur des insectes mais les frontales c’est encore pire !

- Un kit de filtres moteur (huile + gasoil/ 5000 km et habitacle) / 20000 km)
- On s’arrange pour avoir un vrai chiotte accessible dans le van (on ne sait pas encore comment… La douche est inutile car même en camping-car, ça consomme trop d’eau)
- Ah oui, quand on fait des modifs sur la voiture, on les teste avant de partir… Genre, tu ne gardes pas un cric en V d’origine en plastique quand ta voiture pèse 3 tonnes et que tu as augmenté la garde au sol de quelques centimètres (et donc le débattement), que les protections de sous bassement, super chouettes au demeurant, t’empêchent de positionner le cric proprement…. Quand tu crèves au milieu de la pampa, où passe une voiture par semaine, tu ne fais pas le malin !!! 
Tu vérifies aussi deux fois le compresseur, et tous les petits trucs nouveaux….
En conclusion 
Avec quelques modifs supplémentaires (stock de filtres moteur, je vire le filtre à particules) et des enfants de la même taille ou plus jeunes que les nôtres (6,9,12), on repart sans hésiter avec notre Van…. Il nous a toujours amené à bon port, on se connait par cœur (au bout d’un moment, tu détectes les petits bruits suspects, tu comprends ta voiture, tu respires ta voiture au sens propre, …) !
Les quelques soucis qu’on a eu avec ont certes été une source de stress importante mais au final on a juste été ralenti, jamais à l’arrêt complet et on pouvait mettre ce temps utilement à profit.
Question confort, Keral s’est clairement souvent posé la question de savoir si nous n’étions pas allés un peu trop loin dans le rudimentaire au point par moment de ne pas profiter pleinement du voyage. Mais il suffit de repenser à toutes les rencontres et expériences que cet inconfort a permises et on se dit qu’on a fait le bon choix.  

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